Candide, 10 novembre 1932 - Des diamants chez Chanel
Bon exemplaire du quotidien Candide de novembre 1932. on trouve dans ce numéro le compte-rendu de la célèbre exposition de bijoux de diamants que Paul Iribe créa pour Chanel et qui furent montrés au public dans l'hôtel particulier où elle avait établi domicile au 29 faubourg Saint-Honoré. L'exposition fit sensation.
Titre | Candide, 10 novembre 1932 - Des diamants chez Chanel |
Édition | Paris, Candide, 1932 |
Description | 18 pages, illustrations en noir et blanc. |
État | Bon état, habituels jaunissement et traces de plis. |
Dimensions | 600x430 mm |
L'article débute ainsi:
" Il y avait des jours et des jours qu'on ne parlait que de ça dans le monde.
- Ma chère, croyez-vous? Une exposition de diamants... par ces temps de crise... Il n'y a vraiment que Chanel pour courir une aventure semblable!
Le petit monde de la couture en fut tout autant ébaubi.
- Cette Coco, quelle crâneuse tout de même! Et à quoi rime, je vous le demande, une exposition pareille en ce moment-ci?
- Cette exposition a fait vivre de nombreux ouviers bijoutiers qui étaient en chômage, rétorquaient les amis de Chanel.
- Moi, dit Jean Patou, je vais faire une exposition de charbons divers. Hein? Qu'en pensez-vous? Toutes les catégories d'anthracites et la manière de s'en servir...
Bref, tout Paris se rua, samedi, faubourg Saint-Honoré, ca Chanel avait organisé son exposition non pas dans ses magasins mais chez elle. Devant la porte, il y avait autant d'autos que pour une réception à l'Elysée et les portiers du tout proche Cercle Interallié en louchaient de jalousie. Un filtrage minutieux était fait par des vigiles en uniforme bleu sur lequel ballotait un revolver à faire pâlir un récidiviste dangereux. M. Chiappe avait galamment prêté quelques agents photogéniques et il ne manquait plus guère à la fête que l'appoint des gardes municipaux.
Le cadre somptueux, les Coromandel rares, la bibliothèque savamment arrangée permirent aux dames du monde de pousser des cris d'admiration plus ou moins aigus selon le timbre de leur voix. Les draperies de simili-lamé tout coton étaient évidemment moins réussies; mais elles étaient si près de la sortie qu'on ne pensait plus à les regarder et, somme toute, Chanel eut bien raison d'économiser là-dessus.
Ou je l'approuve moins , c'est d'avoir acquis les soldes du Musée Grévin et des coiffeurs de province pour présenter les diamants. Les bustes de dames frileuses aux cils de dix centimètres de long, mais qui, par contre, sont dépourvues de bras, avouent trop nettement leur origine. On pourrait d'ailleurs faire un joli conte sur l'aventure d'une dame de cire qui, après être restée six ans entre des bâtons de cosmétique et des peignes en celluloid à vanter les vertus de l'indéfrisable à prix fixe se trouve brusquement parée d'un ruissellement de diamants. Mais le sort de ces diamants nous intéresse bien davantage et d'autant plus qu'ils sont assemblés en bijoux d'un goût parfait. On ne peut rien imaginer de plus harmonieux, de plus somptueux, de plus léger aussi que ces étoiles qui semblent glisser négligemment le long du cou, que ces noeuds qui ont un petit air innocent ou que ces franges qui, disposées en diadème, ont l'air d'être des cheveux étincelants et féeriques. Les bagues attiraient beaucoup l'attention des femmes, car elles sont constitutées par deux gros diamants carrés montés de façon très originale. (...)"
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