Abraham Bosse - La Dame suivant l'Edit (circa 1633)
Rare planche d'Abraham Bosse intitulée La Dame suivant l'Edit. Précieux témoignage des premières gravures de mode reflétant les essais de régulation royale des tendances de la mode. Cette estampe est contemporaine de l'ordonnance du 18 novembre 1633 qui défendait aux sujets
Titre | Abraham Bosse - La Dame suivant l'Edit (circa 1633) |
Édition | Paris, Chez Le Blond, circa 1633 |
Description | Une gravure à l'eau-forte et au burin tirée en noir. L'épreuve est rognée à l'intérieur du coup de planche. La mention de l'éditeur figure en marge inférieure sous la légende : "Le Blond excud. Avec Privilège du Roy." |
État | Bon état, une déchirure ancienne restaurée. |
Dimensions | 325 x 220 mm (feuille) ; 284 x 203 mm (coup de planche) |
La légende de la gravure La Dame suivant l'édit est la suivante :
" Il faut serrer ces belles jupes
Qui brillent de clinquants divers,
On a pris les dames pour dupes
Leurs habits n'en sont plus couvers
Elles ne seront plus en peine
Pour relever leur entre-gent
De chercher par une humeur vaine
Des estoffes d'or et d'argent
Pour moi la soye et l'estamine
Me touchen indifferamment,
Et j'auray toujours bonne mine
Pour peu que je suis proprement. "
Abraham Bosse est l'auteur d'une suite de gravures de mode qui porte le titre suivant: "Le jardin de la noblesse Française dans lequel se peut cueillir leur manière de vêtements (le jardin de la noblesse françoise dans lequel ce peut ceuillir leur manierre de vettements)". Elle est ordinairement composée de 18 planches dont la feuille titre. 6 sont consacrées aux modes féminines et 11 aux modes masculines. Dans son ouvrage consacré à Abraham Bosse paru en 1892, Antony Valabrègue commente ainsi le jardin de la noblesse: " Bosse devient son collaborateur (de Jean de Saint-Igny), grave toute une suite consacrée à la noblesse française, et imagine lui-même pour ce recueil quelques figures et un frontispice ingénieux. Le Jardin de la noblesse française, publié en 1629, est un délicieux petit livre de costumes. Un gentilhomme et une dame n'avaient qu'à feuilleter cette série, pour savoir comment s'habillaient ceux qui donnaient le ton à Paris. On y voit défiler de jeunes cavaliers se drapant dans leur manteau, tenant leur canne levée en l'air, tirant leur épée du fourreau, montrant leurs gants, contemplant avec amour un médaillon. De gracieuses femmes s'avancent avec lenteur, abaissant un éventail, agitant un écran de plumes, étalant complaisamment un bout de manchette brodée. Tous ces personnages se pavanent, vus de face, vus de dos, vus de droite ou de gauche; ils se tiennent dans ces attitudes variées pour faire valoir uniquement la beauté de leur ajustement. Derrière chaque figure se déroule un fond en perspective, allées de jardins, paysage de ville ou de campagne, palais, châteaux à tourelles. La noblesse française promène son habillement, aux abords des habitations royales ou dans ses domaines. Elle conserve, dans les modes qu'elle a adoptées, le goût qui s'imposait au début de la régence de Marie de Médicis, et l'on y retrouve quelques derniers souvenirs des élégances du règne de Henri III. Les jeunes seigneurs, coiffés du caudebec empanaché, laissant pendre, d'un côté de leur chevelure, une longue cadenette, portent le manteau court, le pourpoint brodé, le col de dentelles, le haut-dechausses bouffant et des bottes à revers, d'où s'échappent des rubans. Ils ont des noeuds de rubans un peu partout, et cette garniture toute particulière, posée près de la ceinture et qu'on appelait " la petite oie ". Les dames n'ont pas encore abandonné la fraise à tuyaux ouverte sur le devant du corsage ; elles ont des collets montés, des " rotondes " à double et à triple rangs de dentelles ; la collerette plate fait à peine son apparition. On aperçoit fréquemment des manches à crèves, boursoufflées et tailladées, d'où se détachent des manchettes en points coupés. Les broderies, les passements, les bijoux témoignent d'un faste excessif, et ajoutent à l'opulence de ces costumes."
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